Après sept mois d'efforts et de difficultés néanmoins couronnés de succès, l'activité ULM de notre aéroclub reprend du service. Suite au crash de notre malheureux Canari, le comité de direction de la section a réussi à obtenir le financement d'un nouvel appareil A22, baptisé "Cardinal" en raison de sa couleur rouge. Je suis très fier car le nom a été choisi sur les suggestions des membres de l'aéroclub et mon idée a remporté plus du trois-quart des suffrages !

A première vue, l'appareil est très similaire. Quelques détails le distinguent néanmoins : carénages sur les trains, suspension renforcée sur la roulette avant, compensateur électrique et même un transpondeur mode S. 

Apparemment, l'équipe a l'air contente de cette nouvelle acquisition et de ses performances. Confiant et impatient de reprendre ma formation là où je l'avais brutalement laissée en suspens quelques mois plus tôt, je m'installe dans le cockpit après avoir fait ma visite pré-vol. 

Cela fait 217 jours que je n'ai pas volé et je me demande ce que ça va donner en l'air. "On va aller faire un tour sur Saint Canat", me dit Michel. "La machine est un peu différente, je voudrais que tu te l'appropries". 

Après un report à la verticale du terrain, nous prenons un cap nord ouest en longeant la limite de l'espace aérien de Salon. J'ai l'impression de reprendre mes marques comme en décembre dernier avec le Canari. Nous faisons différentes évolutions avec des changements d'altitude, de cap, des 360°. 

"Ne prends pas ton cap avec le palonnier, va chercher ta trajectoire avec le manche ! Ensuite seulement tu mets du pied."

Le vent est quasiment nul et il n'y a pas besoin de mettre l'avion en crabe, cela déséquilibre la portance et rend l'appareil instable. 

Au cours de ce vol, j'ai dû m'adapter à un nouvel environnement. La difficulté était bien sûr toute relative : nous sommes loin du niveau exigés des pilotes d'essai. L'appareil est d'un modèle identique au précédent et ses caractéristiques sont sensiblement les mêmes. Néanmoins, l'aérodynamique (en raison des carénages) et les paramètres moteur présentent leurs spécificités. Il m'a fallu les prendre en compte pour adapter la puissance en conséquence et préparer le tour de piste et l'approche en toute sécurité. 

Après autant de temps sans voler et à mon niveau d'apprentissage, c'était largement assez pour aujourd'hui !