La progression de la formation de pilote dépend de quatre paramètres liés à la disponibilité : vous (l'élève), l'instructeur, l'appareil et la météo. Et depuis quelques temps, la météo n'est pas terrible : il y a du mistral ! Les annulations s'enchaînent. Résultat : plus d'un mois sans voler. 

"Ton assiette...", marmonne Michel. Aussitôt, je rétablis un vario positif. Allez savoir pourquoi, lorsque je fais mes virages, j'ai tendance à rendre de la main et à diminuer mon taux de monté. Ce n'est pas la première fois que je le remarque. Mais avec tout ce temps passé au sol, les mauvaises habitudes sont revenues. Nous étions presque à plat à 250m du sol... 

En étape de base, à 90° par rapport au seuil de piste, je prépare la machine. J'ai le temps car nous nous étions éloignés. Je réduis la puissance et attends que la vitesse chute à 90km/h. Malheureusement, je ne suis pas assez vigilant et il n'y a pas que la vitesse qui chute : l'appareil aussi ! Nous avons perdu 100 pieds. 

"Tes éléments...", me signale Michel. Du coup, je me rends compte de l'altitude. Je remets un coup de gaz pour remonter au bon niveau et dans la précipitation, je mets un cran de volets avant de mettre le compensateur en butée. Michel me reprends aussitôt en me rappelant de respecter l'ordre des actions vitales à effectuer avant l'atterrissage. 

En réalité, ce n'est pas tant l'importance du compensateur qui a gêné mon instructeur plutôt que la déstabilisation que sa remarque a provoqué et l'enchainement désordonné de ma réaction. Pour lui, les actions ne sont pas encore complètent assimilées et tant que ce ne sera pas le cas, nous continuerons les tours de piste. 

En finale, je sens qu'il y a du progrès. Je me concentre sur le maintien de la vitesse d'approche - 80km/h. "Tu as ta vitesse. Maintenant, ton manche ne doit plus bouger qu'en latéral", me dit Michel. Le seuil approche. "Ok, maintenant tu regardes dehors et droit devant. Mets du pied si besoin. Tiens la roulette en l'air à l'arrondi". Le 5e poser sera "parfait" !

Si le vol précédent m'a fait comprendre qu'en ne volant pas régulièrement je perdrai mes réflexes, ce vol-ci va m'a fait réaliser que le respect de la chronologie des procédures m'aidera à me réadapter avec moins de difficultés. Et surtout à ne pas me laisser déstabiliser le jour où un élément perturbateur - une panne par exemple - surviendra. 

Chaque règle appelant sa réciproque, Michel me rappelle que celui qui fait les choses à l'envers augmente ses chances de se tromper ou d'oublier des éléments importants. Les procédures permettent ainsi de se poser moins de questions, de lever les ambiguïtés et de gagner du temps. Nous verrons lors des prochains vols si j'ai bien assimilé l'expérience d'aujourd'hui !